Le cycle de production des abattoirs de Malley génère une grande quantité de « sous produits animaux», dont le traitement privilégie la réutilisation jusque dans les années 1990
Aux abattoirs de la Ville de Lausanne, la viande n’est pas l’unique produit fini. Peaux et corps gras de certains animaux sont préparés pour la vente à la halle aux cuirs et au fondoir des graisses, gérés administrativement par la Société vaudoise des maîtres bouchers. Quant aux déchets carnés, ils sont transformés en farines animales, servant de graisse industrielle, d’engrais ou de fourrage pour l’élevage. A la suite de la crise de la vache folle, ce dernier usage sera néanmoins interdit en Suisse dès 1990 pour les ruminants et à partir de 2001 pour l’ensemble du cheptel. Enfin, même le bétail impropre à la consommation humaine peut parfois être monnayé en tant que pâture pour fauves de cirque.
Les activités d’élimination et de recyclage des sous-produits d’abattage sont effectuées dans des locaux d’équarrissage situés au nord-ouest du site. Lors de la fièvre aphteuse de 1965, les saisies et déchets carnés sont toutefois mis en terre, l’installation étant insuffisante pour traiter d’aussi grandes quantités à la fois.
Puis, dans l’idée de réduire les odeurs qui incommodent les habitants et habitantes du quartier, l’usine de récupération est complétée successivement par quatre fours incinérateurs supposés inodores. Cependant, les fumées importunent le voisinage, même au-delà du Pont du Galicien, jusque dans le quartier de Bel-Orne. En guise de solution, l’incinération et le traitement des déchets sont externalisés à Genève et dans le Jura français dès 1973. Le thème des nuisances aura été récurrent dans l’histoire des abattoirs de la Ville de Lausanne puisqu’il avait notamment été invoqué au conseil communal en faveur du transfert du complexe de la Borde à Malley, zone périphérique alors peu urbanisée.
D’habitude épargnés de ces lieux de par leur statut juridique particulier, des animaux de compagnie, toujours plus nombreux dans les foyers suisses dès la deuxième moitié du 20e siècle, ainsi que des animaux sauvages malades, blessés ou morts y sont parfois incinérés.
Placés sous le patronage du Dr Samuel Debrot, certains y échapperont, à l’image d’un singe, transféré dans un zoo. Pendant vingt ans, le directeur à la retraite s’engage, en tant que président de la Société vaudoise pour la protection des animaux, pour la création d’un four crématoire animalier indépendant des abattoirs. Après la construction d’une structure jugée non conforme aux dispositions légales et démontée en 1990, l’installation tant attendue voit le jour en 2010 à Vidy.
Sources
Littérature secondaire