Institution publique rattachée à la Ville, le Service des abattoirs de Lausanne fonctionne sur la base d’une relative autarcie financière qui, en temps normal, équilibre ses comptes, voire génère parfois un bénéfice
Depuis la fin du 19e siècle jusqu’au milieu du 20e siècle, les abattoirs, en tant que service d’intérêt public, s’imposent dans la plupart des villes suisses et préservent l’existence d’un lien avec le monde rural en mettant leurs installations à disposition de tous.
Ce modèle est en effet longtemps considéré par les autorités politiques comme le moyen le plus sûr d’assurer la qualité de la viande tout en faisant respecter des règles strictes d’hygiène et, plus tard, de protection des animaux. Loin de constituer une simple « usine à viande », l’abattoir public représente également un instrument de santé publique sur lequel s’appuient, sous l’égide de l’Office vétérinaire fédéral, les services et laboratoires vétérinaires municipaux et cantonaux dans la lutte contre les épizooties. Contrairement aux abattoirs privés, ils doivent, à ce titre, disposer d’un équipement spécifique pour assurer l’élimination du bétail malade.
A Malley, les abattoirs ne sont pas gérés dans l’optique de dégager des bénéfices, mais fonctionnent par autofinancement alors que les pouvoirs publics prennent en charge les frais d’entretien et de modernisation des installations. Les taxes d’abattage sont facturées aux usagers pour assurer la couverture des frais d’exploitation, qui ne comprennent pas les installations annexes, à savoir le fondoir des graisses et la halle aux cuirs, aux mains de la Société des maîtres bouchers comme une partie des triperies. Pour rééquilibrer les comptes déficitaires du Service, ces taxes sont augmentées à plusieurs reprises. Jusqu’en 1995, l’abattoir lausannois assure également son fonctionnement, un tiers des revenus du Service, grâce aux taxes perçues sur la viande « importée » (la viande « foraine ») achetée par les bouchers et commerçants de viande à l’extérieur de l’arrondissement, comprenant Lausanne et diverses communes voisines.
Contraints d’équilibrer ses comptes tout en conservant des taxes d’utilisation compétitives par rapport aux abattoirs privés qui se développent progressivement, les abattoirs de Malley cherchent à augmenter, au fil du temps, leur volume d’abattage. La fermeture des abattoirs de Genève en 1990 leur permet de conclure des conventions avec de « gros » usagers de la région genevoise, s’engageant à livrer un tonnage minimal annuel fixe.
La Ville de Lausanne conserve, comme tâches de droit public, le contrôle des viande, le pesage et l’élimination des déchets, tout en restructurant, en 1997, le Service des abattoirs dans le sens d’une privatisation. Restant propriétaire des lieux, sa mission se limite dès lors à l’entretien des bâtiments, des chaînes d’abattage, des installations techniques et frigorifiques et à la fourniture d’eau et d’électricité à destination de la Société d’exploitation des abattoirs de Lausanne.
Sources
Littérature secondaire